Les Pirates de Liège décident de tourner le dos définitivement au mouvement Vert Ardent, deux semaines après avoir suspendu leur soutien, suite aux derniers développements.
Quand un parti traditionnel (bien qu’Ecolo s’en défende) invite des Pirates à « faire de la politique autrement », forcément, ceux-ci tendent l’oreille. L’accroche était alléchante pour notre petit parti qui avait lui aussi le projet de lancer une liste citoyenne pour les élections communales de 2018. Nous étions séduits par l’invitation d’Ecolo, voyant là une réelle chance, en unissant nos forces, de faire éclore à Liège les idées prônées depuis si longtemps par le Parti Pirate. Forcément, il y avait de la méfiance, mais aussi et surtout beaucoup d’espoirs!
La déception est d’autant plus grande que nous, les Pirates de Liège, individuellement et collectivement, nous avions tout donné.
La première tempête
Après une élection houleuse lors de l’AG de Vert Ardent le 4 mars dernier, qui a selon nous bafoué tous les principes garants de l’équité pour tous au sein du mouvement, nous avons temporairement suspendu notre soutien à Vert Ardent. Pas d’aigreur dans cette initiative, mais plutôt une mise en garde, un coup de poing sur la table. C’était le moment pour nous de dire « ça suffit ! ». Etant conscients de notre très haut niveau d’exigence, nous avons fait des concessions sur des points qui pourtant nous posaient problème, et ce dans le but d’avancer collectivement.
Pour ne pas claquer la porte directement et sous le coup de la déception, nous avons décidé de rédiger une série de conditions qui, si elles étaient remplies, pourraient nous faire revenir dans l’aventure. Attention, il ne s’agissait pas ici de faire un caprice : ces conditions représentaient un retour à une base indispensable sur laquelle aurait pu se fonder un mouvement transparent, démocratique et ouvert. Certaines de ces demandes faisaient d’ailleurs partie du ROI de Vert Ardent ou d’autre documents officiels du mouvement.
Un bateau qu’on laisse couler
Or, deux semaines après la publication de cette liste de conditions, et alors même que Vert Ardent les aie qualifiées de « précieuses », nous n’avons constaté aucune amélioration des processus en cours. Les initiatives de transformation dont nous avons connaissance vont même dans le sens inverse de nos propositions (par exemple, réserver la plateforme de discussion en ligne Loomio aux membres de Vert Ardent uniquement). Nous n’avons pas non plus reçu de communication pour nous informer d’un plan visant à la mise en oeuvre de nos suggestions dans un futur proche ou lointain. Au lieu de régler les problèmes soulevés par les Pirates, la priorité de Vert Ardent a été d’élire ses 4 têtes de liste.
En matière de communication, nous ne pouvons que constater le grand écart entre ce qui se dit en dehors et ce qui se fait en dedans: « Alors que la guerre des chefs a déjà débuté dans d’autres formations politiques, le mouvement éco-citoyen entend s’atteler en priorité à un projet social, démocratique et écologique afin de redonner souffle à Liège. » déclaraient en janvier les portes-paroles de Vert Ardent à la presse.
Vert Ardent est pourtant le premier parti à présenter ses candidats dans toute la commune de Liège tout en ne réglant pas ses problèmes de fonctionnement.
Le revirement inattendu
Ces derniers jours, nous avons été très étonnés de découvrir la composition du quatuor de tête de Vert Ardent. Nous nous étonnons aussi de la fierté, pour un mouvement citoyen, d’afficher en figures de proue deux conseillers communaux Ecolos sortants (et ce, malgré un profil de fonction qui spécifiait l’inverse). Notre surprise fut encore plus grande à la lecture du terme « minoritaire » pour qualifier les insatisfactions, lorsque l’on sait que plusieurs citoyens ont quitté le mouvement et que les Pirates ont suspendu leur soutien de manière argumentée. La conférence de presse a été le comble de l’étonnement : malgré notre implication depuis juin 2017 dans Vert Ardent, la plupart des propositions programmatiques énoncées ce vendredi nous semblaient totalement étrangères. Vert Ardent revendique une écriture collective de son programme et pourtant, la majorité de ces propositions n’a à notre connaissance jamais été présentée sur la plateforme de discussion en ligne ou en AG. Dans un processus ouvert et transparent, il serait très facile de prouver que nous avons tort sur ce point.
Nous n’avons jamais dit qu’il serait facile de mettre en place cette liste de suggestions. Ce que nous soulevons, c’est que c’est nécessaire à l’éclosion d’un vrai mouvement citoyen et d’une nouvelle manière d’envisager la politique.
Certains nous reprocheront de critiquer « ceux qui essaient ». Que l’on ne s’y méprenne pas, les critiques que nous adressons à Vert Ardent peuvent sans doute être formulées pour tout parti traditionnel à Liège. Et c’est bien cela le problème. Car quand on vous promet un mouvement citoyen, on s’attend effectivement à un mouvement citoyen.
En quittant Vert Ardent, les Pirates n’invitent pas les électeurs à se tourner vers d’autres grands partis. Nous les encourageons plutôt à se poser des questions, réfléchir à leur ville et faire preuve d’esprit critique : au lieu de choisir le moins pire, nous les invitons à mettre tout en oeuvre pour construire le meilleur.
Deux semaines sans Pirates
Ci-dessous, nous reprenons la liste envoyée à Vert Ardent le 16 mars. Par souci de transparence et afin de clarifier les raisons de notre départ, nous commentons les points sur lesquels nous avons obtenu des données avec le résultat de l’avancement.
Concernant les autres demandes, soit nous n’avons constaté aucune amélioration, soit il est prématuré de tirer des conclusions.
Transparence & éthique :
Publier l’ensemble des rapports des réunions ayant eu lieu depuis juin 2017 (incluant les pièces jointes, excluant les passages touchant à la vie privée, à la stratégie de communication et à la stratégie de négociation politique) et s’engager formellement à publier les rapports des prochaines réunions de Vert Ardent dans des délais raisonnables ;
Résultat : rien de fait jusqu’à présent. Notons que l’obligation de rendre publiques les réunions et de publier les rapports de ces réunions était déjà prévue dans le règlement interne de Vert Ardent, mais appliquée de façon trop sporadique. Avec tellement peu de convictions que la seule idée présentée sur Loomio ces derniers jours est une proposition visant à… empêcher les citoyens d’accéder aux discussions de Vert Ardent.
Réserver les 10 premières places sur la liste à des personnes qui s’engagent par écrit, clairement et sans ambiguïté, à s’investir pleinement dans leur mandat local et ne brigueront pas de mandat aux niveaux régional, fédéral ou européen ;
3 personnes sur les 12 porte-voix n’ont pas répondu à cette demande, et une de ces 3 personnes est même la tête de liste choisie par Vert Ardent. Aucun document de type « je soussigné X m’engage clairement et sans ambiguïté, à m’investir pleinement dans mon mandat local et ne briguerai pas de mandat aux niveaux régional, fédéral ou européen » n’a été proposé.
Appliquer une communication extérieure sans langue de bois, honnête, dans les bons comme dans les mauvais moments. La sincérité fait partie d’une manière rénovée de faire la politique qui est plus proche des citoyen·ne·s ;
Malheureusement, Vert Ardent a choisi la langue de bois : « L’assemblée du mouvement éco-citoyen Vert Ardent a élu à 80% 14 porte-voix » alors que la liste (de 14 candidat·e·s, pas celle de 12) a été approuvée par 45 personnes sur les 80 présentes à l’AG du 4 mars. Notons qu’il n’y a pas eu de communication du tout sur les résultats chiffrés de l’élection sans candidats du 27 mars. Par ailleurs, l’utilisation inutile de l’adjectif « minoritaires » pour qualifier les sévères critiques qui ont été émises – que ce soit de la part des Pirates ou des autres membres de Vert Ardent qui ont aussi quitté ce mouvement – fait aussi partie d’une volonté de masquer les problèmes.
Respect mutuel :
Traiter immédiatement les objections raisonnables formulées en AG, malgré la fatigue et l’envie de passer outre ;
Selon un témoignage, publié sur la plateforme Loomio de Vert Ardent, aucune objection n’a été traitée lors de l’AG du 27 mars.
Les enseignements à tirer de notre expérience
Dans le guide « Gagner la ville » publié suite à sa victoire électorale de 2015, la plateforme citoyenne Barcelona en Comù avait insisté sur l’importance de ne pas avoir un parti politique à la manoeuvre d’un mouvement citoyen. Il faut bien admettre que, dans sa vision radicalement démocrate, Barcelona en Comù avait raison, et nous l’avons malheureusement expérimenté au sein de Vert Ardent.
Un mouvement citoyen ne peut pas être une création d’un parti politique. Ce genre de mouvement doit être une initiative citoyenne, autrement dit bottom-up. C’est là une différence fondamentale entre Vert Ardent d’un côté, et de l’autre côté Barcelona en Comú, qui reste pour nous, Pirates, un modèle dont il faut s’inspirer.
À quoi vous attendiez-vous en vous alliant à Ecolo Liège, qui a éliminé la plupart de ses voix critiques au cours des années Javaux pour ne garder que les bons soldats du parti, qui tiennent la ligne quoi qu’il arrive ?
Accessoirement, pourquoi ne dites-vous jamais un mot de la Coopérative VEGA. A priori, elle semble beaucoup plus « bottom up » qu’Ecolo, non ?
et oui le vivre de l’intérieur est horrible , surtout chez écolo qui s’affirme ouvert (!) je pense que les sondages montent à la tête (de liste) de quelques uns – je m’attends moi aussi à un retour de bois vert incidieux
à Awans nous avons vraiment fait le pas citoyen même si nous avons une ancienne cpas MR , et moi qui suis (encore) conseiller écolo –