La censure : pas dans notre culture !

Kris Peeters vient-il de découvrir l’existence de Napster ?

Le ministre de l’économie Kris Peeters prépare un paquet législatif pour lutter contre la diffusion et le partage de la culture, également appelé vulgairement le « téléchargement illégal ». Les mesures évoquées sont, entre autres : la mise en place d’une liste noire de sites web bloqués ; une redirection des internautes qui désirent se rendre sur ces sites web vers des alternatives « légales (et payantes) » ; le retour des sanctions contre les personnes qui téléchargent ; la création d’une cour spécifique à cette problématique.

Monsieur Peeters, pouvez-vous décrire les aspects techniques de ces dispositifs de blocage et de redirection ?

Au-delà des rires que ne manquera pas de susciter la réponse à cette question (Kris Peeters a-t-il déjà entendu parler de termes tels VPN ? Tor ? Sait-il que toutes les solutions techniques de censure mises en place sont vouées à l’échec ?), nous nous interrogeons sur le retour de ce fantasme qu’est ce Hadopi à la belge. Cela va à l’encontre même des principes qui régissent Internet depuis sa création, principes que des personnes mal-intentionnées ou très mal informées tentent de mettre à mal afin de conserver un modèle de société en passe de devenir obsolète.

Monsieur Peeters, pouvez-vous décrire comment vous comptez déterminer le caractère légal ou non d’un site web ?

Même en ignorant les problèmes techniques liés au blocage des sites web, la question se pose de savoir quels critères seraient utilisés pour juger du blocage d’un site. Si des fichiers protégés par un droit d’auteur sont échangés via un site web, faut-il lui faire le même sort que The Pirate Bay, à savoir le blocage complet ? Dans ce cas, que les internautes de Belgique enregistrent vite leurs contacts et leurs documents sur leur disque dur, parce que dans ce cas un blocage de Facebook et de Google est à prévoir. Ou – et c’est prévisible, on connaît bien la chanson – ces entreprises disposeront-elles d’un traitement de faveur… La neutralité du net est sans doute aussi un concept étranger à Kris Peeters.

Le partage de la culture n’est pas illégal

Culture du partage, partage de la culture

Comme nous le disons dans notre texte de base, la création et l’accès à la culture sont des droits civiques fondamentaux. La législation actuelle concernant les droits d’auteur entrave cet accès, tout en étant inefficace pour aider les auteurs. Les Pirates n’acceptent pas que des grandes organisations exploitent les droits d’auteur pour renforcer leur propre position de monopole et faire du profit au détriment des créateurs et de la communauté. Il est dans l’intérêt de la communauté, et de ses auteurs, de pouvoir continuer à créer sur les réalisations antérieures, notamment en matière d’art.

Il est également interpellant que ce soit un Ministre de l’Économie, a fortiori un analphabète numérique, qui s’occupe de ce dossier culturel. Mais peut-être n’avons-nous pas la même définition de ce qu’est la culture.

Monsieur Peeters, pouvez-vous confirmer que vous travaillez bien en collaboration avec les ministres de la Culture des communautés française, flamande et germanophone, respectivement Alda Greoli, Sven Gatz et Isabelle Weykmans ?

Et pendant ce temps au niveau européen …

Notre eurodéputée pirate allemande Julia Reda a révélé ce mercredi 20 septembre que la Commission européenne avait tenté de dissimuler une étude sur l’impact du piratage sur les ventes. Cette étude, commandée en 2014 par la Commission pour la modique somme de 360.000€, concluait qu’en-dehors des blockbusters récents, il n’y avait pas de preuves d’un impact du piratage sur ces ventes. Pour les jeux vidéo, l’impact était même positif.

Etrangement, cette étude est restée non-publiée jusqu’à ce que Julia Reda fasse une requête d’accès à l’information ces derniers jours. Des employés de la Commission européenne ont réalisé une autre étude basée notamment sur la précédente pour confirmer l’impact négatif du piratage sur l’industrie du film. Pouvons-nous espérer que la Commission européenne utilise les données de l’étude de 2014 lorsqu’il s’agira de se pencher sur l’impact du piratage sur le jeu vidéo ?

Pour la Commission, il apparaît essentiel de démontrer l’impact négatif du piratage sur l’économie. Pourquoi cette obsession ? L’opacité dont fait preuve l’instance européenne laisse la porte ouverte à toutes les suspicions.

Plus que jamais, les Pirates se battent pour plus de transparence et une vision du partage de la culture plus positive !

Arrr !

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